Publications des étudiants

Qu’est-ce que sont les intraduisibles en traduction ?

Par Zoé Herbreteau, Master TPS, promotion 2022-2024

En japonais, le mot « Komorebi » désigne la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres.
Les mots comme celui-ci qui n’ont pas d’équivalent dans d’autres langues existent pourtant dans chacune d’entre elles et nous en donnerons des exemples ci-après. Ces mots qui posent problème à tous les traducteurs lorsqu’ils les rencontrent car ils n’ont pas de traduction propre dans la langue cible sont appelés les intraduisibles. Les intraduisibles sont des mots très intéressants étant donné qu’ils reflètent la culture ou bien la réalité culturelle d’un pays. Ces mots permettent de nous faire remarquer que nous pensons à travers notre langue, et que les différentes langues produisent des mondes différents. Cependant, l’inverse est tout aussi vrai, les mondes différents produisent des langues différentes. Effectivement, ils nous montrent qu’à un moment donné des personnes ont eu besoin de trouver des mots, des expressions, des notions pour exprimer et communiquer un sentiment, un concept, une idée, une référence ou un moment bien précis qui est commun à de nombreuses personnes parlant la même langue. Alors qu’un autre peuple et une autre langue n’auront pas les mêmes besoins ainsi il n’y aura pas d’équivalent dans la langue cible.
Pour les traduire, il est donc nécessaire de passer par une périphrase ou bien une explication afin qu’ils soient compris par le lecteur. Ainsi, ces mots posent souvent problème aux traducteurs afin de trouver la meilleure adaptation sans trop alourdir le texte. C’est donc un jeu de patience et de balance.
Pour illustrer mes propos, je vais vous donner des exemples qui me semblent parlants dans quatre langues.

ESPAGNOL
● « Sobremesa » : le moment après le repas de détente qui est traditionnel en Espagne, où l’on continue de discuter avec ses amis ou sa famille.
● « Achuchar » : l’action de serrer une personne très fort dans ses bras affectueusement, parfois même jusqu’au point qu’elle ne puisse plus respirer.

ANGLAIS
● « Eyeservant » : une personne qui ne travaille que quand quelqu’un la surveille.
● « Elope » : l’acte de s’enfuir avec quelqu’un pour se marier en secret (dans le dialecte sicilien, un mot ayant la même définition existe : fuitina).
● « Empowerment » : le fait de donner plus de liberté ou de droits à un groupe de personnes.

FRANÇAIS
● « Dépaysement » : sentiment positif ressenti le plus souvent quand on se trouve à l’étranger ou entraîné par un changement de nos habitudes ou de notre environnement.
● « Pied-à-terre » : logement secondaire que l’on occupe occasionnellement, par exemple dans le cadre des vacances ou du travail.
● « Retrouvaille » : évènement joyeux de retrouver une ou des personnes (le plus souvent qui nous sont chères) après une longue période sans se voir.

Afin de mieux comprendre la complexité de l’exercice, je vais prendre l’exemple de « eyeservant » ci-dessus et essayer de trouver un équivalent en français. On pourrait traduire ce mot par fainéant, paresseux, flemmard. Cependant, cela ne recouvre pas exactement tous les détails de ce mot anglais. Ainsi, on va soit devoir expliquer le mot avec un étoffement ou bien choisir de perdre une partie de son sens et donc une partie du message.
Comme vous aurez pu le remarquer, le plus souvent ces mots sont tellement imprégnés dans notre quotidien qu’on n’envisage aucun équivalent dans une autre langue.

La Traduction des Mèmes : quand internet manie l’humour

Par Ilona Gisclard, Master TPS, promotion 2022-2024

Connaissez-vous les mèmes ? Ces images ou ces vidéos accompagnées de textes, qui affluent sur internet pour nous régaler de blagues sarcastiques ? Issu du terme anglais « meme », le mème a été inventé en 1976 par Richard Dawkins qui le définit comme une « unité d’information contenue dans un cerveau, échangeable au sein d’une société ». Cette idée repose sur le principe de la sélection naturelle, où le mème s’apparente au gène et se transmet ou disparaît, selon son évolution. Mais trêve de charabia scientifique.

Les mèmes forment un langage à part entière. Toutes les cultures peuvent les comprendre, et ils peuvent être adaptés dans toutes les langues car leur structure est simple. Un mème est un « objet graphique, communicationnel et social, très viral, qui fonctionne avec sa propre grammaire, son propre code ». Les mèmes sont une clef dans la communication internet et la propagation d’idées ou de tendances, mais pour les propager, encore faut-il réussir à les traduire… Entre références culturelles, humour, subtilités linguistiques, durée de vie et plateforme de diffusion, on peut facilement s’emmêler les pinceaux.

Comment traduire l’éphémère ?

À l’heure d’Internet, la communication passe souvent par le biais d’images ou de sons qui permettent cette instantanéité si addictive. Les mèmes n’échappent pas à cette règle. On estime qu’ils ont leur propre durée de vie, parfois courte. Ils sont donc sans cesse détournés, transformés et retraduits. Ils représentent un challenge de taille pour les traducteurs. Comment capter l’essence d’un mème et retranscrire l’idée, voire l’émotion qui l’accompagne, avant que le mouvement ne passe ? Les mèmes sont des tendances, et si on ne sait pas les saisir à temps, ils tombent dans l’oubli.

C’est le cas de termes rendus très populaires vers la fin des années 2010, comme « bomboclaat » ou « trollface » dont l’utilisation est aujourd’hui passée de mode. Les mèmes s’emparent de l’actualité et de la culture populaire afin de toucher tous les internautes. C’est leur structure simple qui permet leur transmission, mais celle-ci passe par le biais de la transcréation qui n’est pas toujours si évidente.

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On notera que les exemples de cet article sont principalement en anglais. Je ne fais pas les règles, l’humour anglophone est imbattable.

Est-ce qu’on traduit, ou on transcréé ?

Le mème implique obligatoirement d’utiliser sa créativité pour transmettre une idée, le plus souvent de manière humoristique, sans prêter à l’interprétation. On parle même de « mémétique » tant il s’est imposé comme un langage à part entière. Lorsqu’il s’agit d’image, le sens est préservé grâce à ce support et à sa signification claire. Quand c’est un texte, il faut alors garder la dynamique originale du mème pour l’adapter à ses besoins et à la langue cible. Voici un exemple de mème populaire qui a très souvent été détourné :

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On pourrait parler de traduction « cibliste », c’est-à-dire adaptée à son public cible, tant le message se transforme afin d’être compris par le public cible. Ce qui prime ici, ce sont les idées. La forme est un support au message.

Et les traducteurs dans tout ça ?

Évidemment, selon le matériau d’origine, la traduction, voir la transcréation, est plus ou moins facile. Il n’est pas toujours nécessaire d’être traducteur professionnel pour adapter un mème, il faut en revanche avoir une parfaite maîtrise de la culture populaire et de son public cible. L’humour et la pertinence sont préservés lorsque le traducteur parvient à garder l’efficacité du mème. Pour cela, il faut garder des messages courts et le plus souvent, c’est l’ironie qui prime !

Quels défis pour les traducteurs ?

La traduction des mèmes représente cependant un vrai défi, car il est non seulement question de créativité, mais aussi de rapidité. On parle souvent des mèmes comme d’un phénomène viral, où les idées se transmettent et contaminent les utilisateurs à la manière d’un virus. Ce caractère instantané du mème oblige les traducteurs à se maintenir à l’affût de l’actualité, afin de ne manquer aucune tendance, aucun néologisme, qui pourrait représenter un problème de traduction. Certains termes devenus des mèmes sont par essence intraduisibles, puisqu’ils sont issus de dialectes qui ont évolué avec le temps. Le terme d’origine perd alors tout son sens pour devenir une référence internet. Pour les linguistes, il faut alors faire la part entre l’étymologie et la manière dont les internautes s’emparent de la langue pour la « mémifier ».

Il s’agit non seulement d’un travail de langage, mais aussi de communication plus générale où le traducteur suit le courant, soit pour préserver le sens, soit pour s’adapter aux évolutions de celui-ci. Le traducteur doit déterminer avec précision les attentes du public cible et user de sa créativité pour garder des connotations drôles, en lien avec l’actualité.

Pour résumer 

De phénomène de mode à outil de communication, le mème s’est imposé comme un langage internet. Utilisé dans le cadre privé, en marketing ou en politique, il sert à faire passer des messages avec humour. Pour permettre sa transmission et sa diffusion, le traducteur savoir adapter le sens en privilégiant la culture du public cible et l’humour, et en prenant en compte la rapidité des tendances. C’est un travail de créativité.

Le traducteur a un impact significatif sur la culture mondiale, car il contribue à la transmission de ces idées. Il permet à des tendances de s’instaurer durablement, de se répandre, et à tous les internautes de s’en emparer pour mieux les utiliser. Quand il s’agit de mème, le traducteur est plus qu’un linguiste.

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Pour aller plus loin :

 

https://www.cairn.info/revue-travaux-de-linguistique-2016-2-page-27.htm

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/01/29/bomboclaat-de-juron-jamaicain-a-meme-internet_6027652_4408996.html

https://www.20minutes.fr/high-tech/3287855-20220519-legislatives-2022-memes-politique-arme-communication-double-tranchant

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mème

https://technologie.toutcomment.com/article/qu-est-ce-qu-un-meme-definition-et-exemple-14861.html

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14781700.2022.2052950

Schjoldager, Anne. 2020. « The Usefulness of Equivalence within Translation Studies: Memes, Paradigms and a Functional Translation Analysis. » In Equivalence(s). Necessity and Challe…

 

Trados Studio, une aide à la traduction ?

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Par Florine Héraud, M2 TPS promo 2022-2024

Dans un monde hyperconnecté, la traduction est une nécessité. La quantité de documents est donc toujours plus importante et les délais toujours plus courts. Heureusement pour nous, il existe de nombreux outils pour nous aider à tenir le rythme. Parmi eux, les outils de traduction assistée par ordinateur (en abrégé, outils de TAO). Ils sont une aide à la traduction grandement utilisée par beaucoup de traducteurs, même s’ils ne sont en rien nécessaires à la pratique de la traduction.

Ces outils peuvent prendre différentes formes (il peut s’agir de logiciels à télécharger ou de plateformes liées au Cloud), être plus ou moins accessibles (certains, comme OmegaT, sont gratuits, d’autres, tels que memoQ ou Trados Studio, sous licence). Il en existe énormément, tous différents et avec leurs propres points forts et leurs propres options. Dans cet article, nous nous pencherons sur Trados Studio, l’outil de TAO le plus connu et le plus utilisé sur le marché actuellement.

 

Pourquoi utiliser Trados Studio ?

Comme tous les outils de TAO, le but premier de Trados Studio est de nous faire gagner du temps et de nous aider à améliorer notre productivité. Pour cela, il permet une classification des projets, ainsi que la possibilité de créer ou d’ajouter des mémoires de traduction et des bases terminologiques. Si ces termes ne vous parlent pas, pas de panique, en voici une courte explication : une mémoire de traduction est un tableau créé par un outil de TAO (ici, Trados Studio) qui regroupe tous les segments sources et cibles de manière à les réutiliser lorsque vous traduisez un texte répétitif ou des textes similaires ; une base terminologique, c’est un glossaire qui aide à l’harmonisation globale du texte.

Point important de Trados Studio : il prend en charge tous les types de documents. Du format Word au format PDF, en passant par les PowerPoint, Trados Studio vous évite d’avoir à convertir vos fichiers à l’aide d’un autre logiciel et vous épargne les heures de mise en page qui en découlent. De plus, il garantit une sécurité optimale pour vos projets confidentiels.

Si Trados Studio se distingue réellement de ses concurrents, c’est parce qu’il est utilisé par la plupart des clients et des agences. Ainsi, il est important de savoir s’en servir même si vous ne possédez pas de licence, car votre donneur d’ouvrage peut vous en fournir une le temps du projet.

 

Et qu’en est-il des inconvénients ?

Le principal inconvénient de Trados Studio est son prix. Bien qu’il ne soit pas le plus cher sur le marché, il faut compter 324 € par an pour une licence et 755 € pour une souscription à vie, à laquelle il faudra ajouter au moins 300 € par mise à niveau.

Il faut également être conscient que Trados Studio est un logiciel professionnel, assez difficile à prendre en main et nécessitant certains prérequis avant d’accéder à la productivité recherchée. En effet, si les mémoires de traduction et bases terminologiques sont très utiles, il faut d’abord les créer. De plus, toutes les options proposées ne sont pas évidentes à utiliser et il faut s’attendre à un temps d’adaptation et d’expérimentation avant de maîtriser le logiciel. Sur ce point, vous trouverez des astuces et des formations directement sur leur site internet.

Par ailleurs, il est important de noter que comme beaucoup d’autres logiciels de TAO, Trados Studio n’est pas disponible sur Mac.

 

Conclusion

Pour conclure, Trados Studio possède de nombreux avantages qui vous aideront dans vos activités de traduction, à condition de prendre le temps d’apprendre à le maîtriser. Une fois pris en main, ce logiciel a tout ce qu’il faut pour vous accompagner dans les défis que vous rencontrerez. Trados Studio reste donc un investissement (de temps et d’argent) pertinent pour votre activité professionnelle.

Mots clés :

Traduction, TAO, outil de traduction assistée par ordinateur, Trados Studio, mémoire de traduction, base terminologique, productivité

Pour aller plus loin :

https://www.trados.com/fr/product/studio/

https://www.polilingua.fr/blog/post/outils_tao.htm

https://localazy.com/blog/top-10-cat-computer-assisted-translation-tools-to-try-as-translator

https://www.translatonline.com/top-5-logiciels-tao/

https://www.sanscrit.net/fr/comparaison-outils-tao-cat-quelle-est-la-meilleure-traduction-automatique-professionnelle/

Retitrage des films : entre traduction et marketing

Par Charlotte Caherec, Master TPS, promotion 2022-2024

Si au Québec, les titres de films sont encadrés par la Loi et doivent être obligatoirement rédigés en français, il n’existe aucune obligation légale en France. Ce sont généralement les distributeurs qui décident et, en matière de titres de films, nous allons voir que la traduction ou « retitrage » n’est pas toujours la norme.

Pourquoi traduire les titres de films ?

Le choix du titre d’un film s’inscrit dans une stratégie marketing, au même titre que la promotion, la bande-annonce et l’affiche du film. Le titre est censé appâter le spectateur. Un titre qui n’est pas compris ou qui est mal compris peut compromettre le succès du film.

Quelles sont les contraintes de traduction ?

Tout d’abord, le titre doit être accrocheur. Il doit avoir un lien logique avec le film, être évocateur sans trop en dévoiler. On se souvient encore de la traduction de The Shawshank Redemption par Les évadés… Il doit être facilement compréhensible, lisible et prononçable, et assez court, tout en étant adapté au public cible. Plusieurs possibilités s’offrent alors au distributeur, les titres peuvent être conservés dans la langue d’origine, adaptés ou traduits.

Conservation du titre original

Le choix de ne pas traduire les titres de films ou de séries peut être le produit d’une stratégie commerciale, en particulier dans le cas des films américains. L’anglais vend mieux car il est vu comme plus moderne et parle plus aux jeunes.

Les distributeurs ont également tendance à conserver le titre original lorsqu’il s’agit d’un film important, très attendu ou signé par un grand réalisateur. C’est le cas, par exemple, de la majorité des films Marvel : Black Widow, Avengers, Black Panther : Wakanda Forever, Captain America : Civil War, Spider-Man : Homecoming

Le réalisateur du film peut également exercer son droit d’auteur et exiger que le film conserve son titre original à l’étranger.

Adaptation du titre anglais en anglais

Il y a quelques années, la tendance était à l’adaptation des titres anglais en anglais. Cette démarche visait à remplacer les termes compliqués à comprendre par du « globish », un anglais compréhensible par des non-anglophones. Cette tendance avait engendré une aseptisation des titres, qui finissaient pour la plupart d’entre eux, avec des mots à connotation sexuelle utilisés volontairement pour cibler un public adolescent :

Step Up Sexy dance
Eurotrip Sex trip
No Strings Attached Sex friends
Wild things Sexcrimes

Traduction du titre en anglais

En France, il arrive également que certains titres de films étrangers non-anglophones soient traduits en anglais, c’est le cas d’un grand nombre de films et séries asiatiques :

Poetry
歩いても 歩いても Still Walking
헤어질 결심 Decision to leave
오징어게임 Squid Game

Traduction du titre en français

En fonction du public cible, il est évident que certains titres se doivent d’être traduits en français, les titres des films d’animation par exemple :

Frozen La Reine des neiges
Sing Tous en scène
Finding Nemo Le Monde de Nemo
Tangled Raiponce

 

De la même manière, pour les œuvres cinématographiques adaptées d’œuvres littéraires, le titre choisi coïncide souvent avec celui de la traduction de l’œuvre littéraire :

The Handmaid’s Tale La Servante écarlate
The Help La couleur des sentiments
Never Let Me Go Auprès de moi toujours
The Fault in Our Stars Nos étoiles contraires

Retraduction du retitrage

Vous avez peut-être déjà remarqué que certains titres de films sont modifiés après leur sortie. De fait, la retraduction existe aussi dans le domaine du retitrage. En France, la saga Star Wars avait dans un premier temps été traduite par La guerre des étoiles pour au final récupérer son titre original.

En matière de titres, le géant du streaming Netflix affirme réaliser en permanence des études pour savoir quel titre fonctionne dans quel pays. La plateforme s’adapte alors en fonction de l’augmentation ou de la baisse du taux de visionnage. Elle a d’ailleurs remarqué que traduire un titre peut faire augmenter le nombre de vues jusqu’à 25 % mais peut également le faire baisser.

Pour résumer

Au-delà de l’acte de traduction en lui-même, le retitrage soulève plusieurs problématiques. Si les films américains dominent le box-office, les titres en anglais également. Le monde du cinéma n’échappe pas à l’anglicisation de la langue française. Désormais, même certains titres de films non-anglophones sont traduits, en France, en anglais. Pourtant, si l’on en croit Netflix, la conservation des titres originaux ne serait pas toujours à l’avantage du distributeur. Au Québec, la question ne se pose pas et même si certaines traductions de titres de films peuvent nous faire sourire, au-moins eux, ils ont essayé !

 

Mots clés : retitrage, titres, cinéma, transcréation, adaptation

Pour aller plus loin :

https://www.betranslated.fr/bt/traduction-titres-films/

https://a4traduction.com/glossaire-de-la-traduction/Globish

https://www.huffingtonpost.fr/culture/article/pourquoi-les-films-sont-retitres-au-quebec-et-pas-en-france_149656.html

https://cinescover.wordpress.com/2020/09/08/debat-faut-il-traduire-les-titres-originaux-des-films/

https://www.programme-tv.net/news/series-tv/219635-netflix-pourquoi-les-titres-des-series-sont-ils-traduits-ou-non/

https://www.ouest-france.fr/cinema/cinema-les-titres-de-films-en-anglais-choquant-or-not-shocking-169763

 

Connaissez-vous vraiment la traduction littérale?

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Par Théo Dethoor, Master TPS, promotion 2022-2024

Mots-clés = traduction littérale, traduction professionnelle, documents techniques

L’article résumé ci-dessous est ici : Quels sont les risques d’une traduction littérale ? – Traduc Blog

La traduction littérale revient à traduire mot à mot un contenu sans prendre en compte ni le contexte ni la manière avec laquelle les phrases sont structurées dans les textes source et cible. Les personnes n’étant pas expertes en traduction y ont souvent recours. Dans la plupart des cas de phrase isolée, celle-ci peut s’avérer pertinente ou dans des contextes non professionnels, si tenté que l’interlocuteur soit prêt à fournir les efforts de compréhension nécessaires. Elle est cependant, sinon à proscrire totalement, à utiliser avec minutie dans le cadre d’un contexte professionnel.

En effet, dans des situations de traductions professionnelles, la traduction littérale comporte des nombreux risques. Elle peut rendre le texte cible maladroit dans sa syntaxe et même partiellement voire totalement incompréhensible. Elle est également susceptible de créer des quiproquos ou des contre-sens dans le texte d’arrivée. Il arrive que certaines phrases se retrouvent dépourvues de sens voire hors-sujet. Enfin, notons que son utilisation peut dénaturer le style que l’auteur avait souhaité mettre en avant dans le texte source.

La traduction littérale est un processus auquel les traducteurs automatiques ont souvent recours. Cependant, elle est souvent décriée pour sans manque de précision et de fiabilité.

Les erreurs ou écueils que la traduction littérale peut provoquer sont divers. Dans cet article, nous allons en développer certains afin de comprendre comment les éviter.

Les erreurs de structure

Lorsque l’on traduit un texte, il y a un certain nombre de paramètres qu’il faut avoir en tête. Les structures respectives des langues source et cible en font partie. Il faut en avoir conscience pour éviter de tomber dans l’écueil de toujours adopter strictement la structure de la langue du texte de départ pour le texte d’arrivée.

En effet, dans de nombreux cas, la structure grammaticale d’une langue va nous imposer des choix de traduction. En allemand par exemple, le verbe dans les propositions principales est toujours placé en deuxième position. Si l’on applique cette méthode en français le sens s’en verra parfois altéré. En japonais, la structure « classique » d’une phrase est la suivante : sujet, objet, verbe. Or, dans la plupart des langues européennes, les phrases se construisent ainsi : sujet, verbe, objet. Une traduction littérale poserait donc des problèmes grammaticaux.

Les erreurs liées aux associations d’idées

Les erreurs liées aux associations d’idées sont fréquentes dans la traduction littérale de textes venant de langues comme le japonais ou le chinois. Il faut avoir conscience que dans ces langues, il est courant d’associer plusieurs caractères qui ont individuellement un sens pour former un nouveau « mot » avec un autre sens. Les dissocier à cause d’une traduction littérale serait donc une erreur.

Les erreurs liées aux expressions figées

Les expressions figées supposent de comprendre le sens de la phrase dans son ensemble car bien souvent elles n’ont pas le sens propre et littéral qu’elle devraient avoir.

N’y a-t-il que des désavantages dans la traduction littérale ?

Malgré les apparences, la traduction littérale peut tout de même être intéressante. En effet, si celle-ci sert de premier jet, elle peut même être pertinente dans certaines traductions professionnelles comme celle de documents techniques, à condition de bien s’en servir. Cependant, elle ne peut en aucun cas suffire à elle seule dans ce genre de travaux.

Bibliographie pour aller plus loin :

L’ordre des mots dans une phrase : 9. Ordre des mots et focalisation (jyu.fi)

La traduction littérale en japonais : Comment éviter la traduction littérale en japonais (grosse erreur de débutant…) – YouTube

La traduction des expressions idiomatiques en anglais : Traduction des expressions idiomatiques français – anglais (sotratech.com)

L’histoire de la traduction : Histoire de la traduction | Société française des traducteurs : syndicat professionnel (SFT)

La traduction des expressions figées en littérature : Traduttore traditore : de la possibilité de traduire les expressions figées en littérature – Textes et contextes (u-bourgogne.fr)

 

La retraduction littéraire : trouver l’équilibre entre authenticité et modernité

 Par Lisa Suhard, Master TPS, promotion 2022-2024

Vous aviez certainement remarqué que le célèbre roman d’Agatha Christie se nomme désormais « Ils étaient dix » et que toutes les occurences du mot « nègre » avaient été remplacées par « soldat ». Ce changement illustre un phénomène courant que l’on appelle la retraduction. Ce procédé s’applique principalement aux textes littéraires, et notamment aux classiques de la littérature. Dans cet article, nous explorerons les enjeux de la retraduction et son rôle dans la préservation des œuvres littéraires.

La retraduction : qu’est-ce que c’est ?

La retraduction consiste à produire une nouvelle traduction d’une œuvre qui a déjà été traduite dans une langue donnée, créant ainsi plusieurs versions cibles d’un même texte original. Elle ne se limite pas à une simple réédition de la traduction existante, mais vise à apporter un regard nouveau sur l’œuvre originale. Plusieurs facteurs peuvent motiver une retraduction, notamment les progrès linguistiques, les évolutions culturelles et les perspectives changeantes sur les textes classiques.

Pourquoi retraduire ?

La nécessité de retraduire certains textes découle de l’ambition de redécouvrir une œuvre sous un angle différent et de l’adapter aux sensibilités contemporaines, afin d’éviter que les traductions ne vieillissent avec le temps. La retraduction permet de mettre à jour un texte pour que celui-ci reflète au mieux la société actuelle.

La retraduction permet ainsi de maintenir la vitalité des œuvres littéraires, afin d’éviter qu’un texte qui était autrefois révolutionnaire devienne daté pour un lecteur contemporain. La retraduction offre une occasion de rétablir la pertinence de l’œuvre, en la rendant accessible pour une nouvelle génération.

Quels sont les enjeux de la retraduction ?

La retraduction soulève des questions essentielles concernant la transmission littéraire à travers les époques, les langues et les cultures. Elle offre aux retraducteurs l’opportunité d’explorer des éléments qui ont échappé à la traduction précédente, de révéler de nouvelles couches de signification et de rendre justice aux subtilités du texte. En effet, il est commun de penser que l’on traduit de mieux en mieux, et par conséquent, chaque traduction pourrait bénéficier d’améliorations. Alors, les retraductions viseraient à rendre la traduction toujours plus précise.

Toutefois, lorsqu’il s’agit de retraduire une œuvre, l’enjeu principal est de préserver son intégrité. Comment rester fidèle au texte d’origine tout en le rendant accessible pour les lecteurs contemporains ? Cette réinterprétation demande un équilibre subtil.

 Tandis que la retraduction peut permettre à une œuvre de traverser les époques, elle peut être controversée et susciter débat. Certains estiment que les œuvres littéraires devraient être préservées dans leur forme initiale. En effet, lors de la lecture d’une œuvre, il serait essentiel de prendre en considération le contexte culturel et temporel dans lequel elle a été initialement écrite. Modifier ou « corriger » une œuvre peut être perçu comme une tentative d’effacer ou d’occulter une partie de son héritage historique ou culturel.

En outre, chaque retraduction peut ajouter de nouvelles interprétations, introduire des erreurs ou dévier de l’intention de l’auteur. Le risque est que l’œuvre soit progressivement transformée en un texte différent de l’original.  Chaque retraduction est un acte de réinterprétation, et chaque retraducteur apporte sa propre vision et son propre style, en prenant le risque de s’éloigner de l’intention de l’auteur.

Pour résumer

La retraduction est une démarche complexe qui permet de préserver et de faire évoluer des œuvres littéraires au fil du temps. Elle offre de nouvelles perspectives sur des textes et permet aux lecteurs de les découvrir sous un nouveau jour.  L’acte de retraduction permet alors de donner un caractère éternel à des œuvres qui pourraient autrement devenir archaïques. Toutefois, il n’y a pas de réponse définitive quant à son bien-fondé. Dans certains cas, la retraduction peut être considérée comme un procédé qui dénature une œuvre et lui fait perdre son authenticité.

 

Mots clés : Retraduction, Réinterprétation, Littérature classique, Traduction littéraire

Pour aller plus loin :

Marie Vrinat-Nikolov, « Retraduire : pourquoi ? », En attendant Nadeau, 2017.

Antoine Berman, « La retraduction comme espace de la traduction », Palimpsestes, 4 | 1990, 1-7.

Amélie Emery, « Du besoin de correspondre aux normes de son temps : étude de cas sur la retraduction du roman d’Agatha Christie « Ils étaient dix » », Université de Genève, 2021.

 Les enjeux de la féminisation de la langue en traduction

Par Alysone Hersant, Master TPS, promotion 2022-2024

Nous savons que la langue française tend à favoriser l’emploi du masculin pour désigner un groupe de personnes, ce qui peut conduire à des stéréotypes de genre et à une invisibilité des femmes. L’utilisation du masculin pour désigner ces deux sexes est certes considérée comme la norme, mais elle peut ne pas être adaptée à certains projets de traduction.

L’importance de la féminisation de la langue dans la traduction dépend, en grande partie, des préférences du client ou de la cliente et du contexte. Certain·e·s client·e·s, particuliers ou professionnel·les, peuvent exiger une traduction inclusive pour refléter leur engagement envers l’égalité des genres, tandis que d’autres peuvent préférer une traduction plus traditionnelle. Il est alors essentiel pour un traducteur ou pour une traductrice de comprendre les enjeux du document à traduire ainsi que les attentes de son client ou de sa cliente afin de s’adapter en conséquence. La clé est donc la communication ouverte avec le ou la cliente pour répondre à ses besoins spécifiques en matière d’inclusivité linguistique.

Dans la traduction, la féminisation de la langue pose plusieurs enjeux :

  • Le respect de la diversité : l’écriture inclusive vise à inclure toutes les identités de genre et à éviter les biais linguistiques. En traduction, une attention toute particulière à ces éléments reste essentielle au respect de la diversité et de la sensibilité culturelle.
  • La cohérence avec la source : il peut être complexe de maintenir la cohérence de l’écriture inclusive tout en préservant le sens et le style du texte source. Un équilibre doit alors être trouvé entre cette féminisation de la langue et la fidélité au texte original.
  • L’adaptation linguistique : dans certaines langues, l’écriture inclusive peut nécessiter des adaptations créatives pour éviter lourdeurs ou incohérences. Les traducteurs et traductrices doivent alors s’efforcer de trouver des solutions linguistiques appropriées. Heureusement, certaines règles de féminisation ont été mises en place dans certaines langues.
  • Le public cible : les préférences en matière d’écriture inclusive peuvent varier selon les régions et les publics. Traducteurs et traductrices doivent alors prendre en compte ces facteurs pour produire une traduction pertinente pour le lectorat.
  • L’évolution de la langue : l’écriture inclusive est en constante évolution. Il est donc important de rester informé·e au sujet des normes linguistiques émergentes en matière de féminisation de la langue.

 

En résumé, il paraît donc judicieux d’admettre que les enjeux de l’écriture inclusive dans la traduction sont essentiellement liés à la nécessité de concilier la féminisation de la langue avec la fidélité au texte source. Pour ce faire, il demeure primordial de tenir compte des spécificités linguistiques et culturelles de la langue cible, des préférences du client ou de la cliente et du public cible.

Réflexion et adaptabilité sont donc les mots d’ordre en traduction !

 

Pour aller plus loin :

  • Écriture inclusive – Lignes directrices et ressources

https://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/fr/cles-de-la-redaction/ecriture-inclusive-lignes-directrices-ressources

  • FRACCHIOLLA Béatrice, “Anthropologie de la communication : la question du féminin en français”, Corela, [En ligne], 6-2, 2008, mis en ligne le 15 décembre 2008
  • Femme, j’écris ton nom… Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions

https://medias.vie-publique.fr/data_storage_s3/rapport/pdf/994001174.pdf

  • L’écriture inclusive, un débat très politique

https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-ecriture-inclusive-un-debat-tres-politique-9192371

 

L’art de traduire l’humour : une histoire de culture

 

Julie Angot, Master TPS, promotion 2021-2023

Il existe un lien étroit entre traduction et culture. Pour comprendre le langage humoristique de chaque groupe ethnique, il faut d’abord en connaître la culture.

Le rire est universel. Mais l’humour, culturel par essence, passe difficilement d’une langue à une autre. Pour restituer l’esprit de l’original, le traducteur doit faire preuve de beaucoup de créativité et d’inventivité.

En fonction de l’âge et de la personnalité de chacun, le sens de l’humour est variable. Cependant, la langue et la culture sont évidemment des facteurs tout aussi déterminants. L’humour est intrinsèquement lié à la culture dans laquelle il a été créé, mais aussi à la langue elle-même, par les jeux de mots, les calembours ou encore les références culturelles (pour ne citer que quelques types d’humour car la liste est longue). La traduction littérale d’une blague tombe souvent à l’eau ou est incompréhensible. Pour conserver l’esprit d’une blague, le traducteur est souvent contraint d’adapter radicalement cette blague, en créant quelque chose de nouveau, tout en conservant l’émotion et l’intention du texte original. C’est un procédé souvent utilisé pour traduire l’humour.

Pour les jeux de mots, et d’un point de vue général sur la traduction de l’humour, toute la difficulté réside dans le sens et l’ambiguïté des mots. Ce qui ne facilite pas les choses, c’est que la façon dont ces mots se prononcent et s’écrivent varie d’une langue à une autre. De plus, expliquer une blague n’est souvent pas une solution efficace non plus. Si le traducteur choisit d’expliquer la blague dans une autre langue, l’aspect humoristique risque fortement d’être perdu.

Mais que faire quand la blague est mauvaise ? Voilà encore un enjeu de taille. Le traducteur doit-il imaginer une autre mauvaise blague ou envisager quelque chose de plus drôle ? Tout dépendra de l’intention de l’auteur et du public cible, que le traducteur devra respecter à tout prix. La mauvaise blague n’a peut-être pas été écrite au hasard, il devient donc crucial de conduire cette intention dans une autre langue. Si au contraire, l’intention de l’auteur est de faire rire, le traducteur doit tout mettre en œuvre pour que la traduction ait « le même poids ».

Cet article permet de constater ou de se rappeler que chaque culture possède son propre sens de l’humour en fonction de son histoire, de ses traditions, de ses valeurs ou encore de ses croyances. Bien souvent, il n’y a que les personnes issues d’une même culture qui pourront comprendre une blague ou la trouver drôle. Trouver les mots justes pour préserver l’humour dans une langue cible est un véritable casse-tête pour le traducteur. Au-delà des mots, la traduction de l’humour, c’est tout un art. –

 

Mots-clés : humour, traduction, culture.

Pour aller plus loin :

https://journals.openedition.org/traduire/243#tocto1n5

https://www.fabula.org/actualites/79382/journee-d-etude-traduire-l-humour.html

https://books.openedition.org/pupvd/3194?lang=de

https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2010-v55-n1-meta3696/039603ar/

https://lettres.univ-tours.fr/version-francaise/departements/espagnol-portugais/recherche/traduire-lhumour

Le surtitrage à l’opéra

 

Par Marie Houry, master TPS, promotion 2021-2023

 

Avez-vous déjà entendu parler du surtitrage à l’opéra ? Cette pratique peu connue a su, au fil des quatre dernières décennies, se faire une place dans le milieu de l’art lyrique. Il consiste à retranscrire une traduction concise de ce qui est dit (ou chanté) sur scène. Dans les mondes de l’opéra et du théâtre, le texte de surtitrage sera, comme son nom l’indique, projeté au-dessus de la scène ou sur ses côtés.

  • Qui est donc le surtitreur ?

Ce dernier est un traducteur dont la tâche est d’offrir au public des surtitres immédiatement compréhensibles, qui doivent être au plus près du livret original. Nous savons que l’exercice de traduction engage des contraintes imposées au traducteur. Cependant, dans le cas du surtitrage, celles-ci sont particulières. Il s’agit ici d’une traduction d’un texte oral vers un texte écrit, qui est donc régit par des contraintes d’espace et de temps. En effet, une phrase traduite doit pouvoir tenir sur l’écran et l’enchaînement de celles-ci doit s’aligner sur le débit de parole des comédiens mais aussi prendre en compte le temps dont le spectateur a besoin pour lire le surtitre. Le surtitreur doit faire preuve de concision dans l’exercice de traduction. Afin d’obtenir cette concision, le surtitreur doit faire des choix euristiques ; il va décider des informations qui sont indispensables ou non à la compréhension du discours et donc de la scène. Par exemple, les onomatopées et connecteurs logiques vont être supprimés, les prénoms des personnes déjà mentionnées ne vont pas être répétés, les phrases directes vont être privilégiées, les adverbes en -ment vont être évités car jugés trop longs… En soi, tout ce qui est superfétatoire va être omis.

Les compétences du traducteur surtitreur sont multiples. Il doit avant tout maîtriser les principales langues utilisées à l’opéra, à savoir l’allemand, l’anglais et l’italien. Il lui faut, de plus, étroitement travailler avec le metteur en scène et le chef d’orchestre, rendant sa présence aux répétitions essentielle.

Le surtitreur est également technicien. Comme nous le savons tous ici, il existe de nombreux outils informatiques dont le but est d’aider à la traduction. Néanmoins, rares sont ceux uniquement destinés au surtitrage. Le logiciel Torticoli (créé par l’informaticien Pierre-Yves Diez) est, pour le moment, le plus utilisé. Malheureusement, bon nombre de surtitreurs n’ont pour autre choix que d’utiliser le logiciel Power Point ; peu onéreux et facile d’utilisation, il permet d’entrer les surtitres dans les diapositives et de les diffuser grâce à un vidéoprojecteur. Le surtitreur est donc également « technicien » car il doit savoir faire les branchements nécessaires pour pouvoir projeter sa traduction et prendre en compte les éléments présents sur scène (comédiens et décors) ainsi que les lumières lorsqu’il est dans le cas de surtitrages intra-scéniques. Dans ce cas précis, la traduction est directement affichée en direction de la scène. Voilà pourquoi le surtitreur doit assister aux répétitions ; il doit pouvoir visualiser la scène, savoir où les jeux de lumière seront placés, ainsi que les décors et les mouvements des comédiens. Les surtitrages les plus utilisés restent les surtitrages extra-scéniques, que l’on retrouve au-dessus de la scène ou sur ses côtés. Ils représentent en effet moins de contraintes techniques pour le traducteur.

Ce dernier doit également être très attentif quant à la synchronisation entre l’affichage des surtitres et l’instant même où les chanteurs récitent leurs lignes. Il serait en effet désagréable pour le spectateur qu’il y ait un décalage entre ces derniers et que le public, par exemple, ait l’information en avance ou inversement.

  • Avancée ou contrainte ?

Les avis sur le surtitrage divergent ; pour beaucoup, c’est une avancée qui facilite l’accès au monde de l’opéra. Cependant, pour ses détracteurs, il n’est autre que parasite ; il empêcherait le public de se concentrer sur la production en attirant son attention sur le dessus ou les côtés de la scène, mais pas sur ce qu’il s’y passe. De plus, selon eux, le surtitreur n’étant malheureusement « qu’un » humain, n’aurait pas la capacité de diffuser les surtitres au juste moment mais avec soit un instant de retard, soit un instant d’avance, provoquant ainsi les réactions du public en différé. Ils considèrent donc les livrets rédigés en amont, généralement traduits, plus intéressants que les surtitres car ils « garderaient le côté littéraire et musical » de l’œuvre, tandis que leurs cousins numériques, de par leur concision, rendraient le texte insipide et lui feraient perdre tout lyrisme.

Conclusion :

Le surtitrage est une branche de la traduction peu connue. En effet, lorsque quelqu’un explique être traducteur, la question la plus fréquente liée à ceci reste : « Vous traduisez donc des livres ? ». Ce monde est si large que beaucoup ignorent que ce domaine n’englobe pas seulement la littérature.

Le surtitreur traduit donc des opéras ou des pièces de théâtre. Comparé au traducteur littéraire, il doit cependant faire face à des contraintes que son homologue susnommé n’a pas : il doit en effet faire avec des contraintes temporelles et spatiales, doit faire preuve de concision (on parle alors de traduction condensatrice), utiliser des implicitations, travailler main dans la main avec les metteurs en scène et équipes techniques… Il possède donc des compétences multiples.

Pour aller plus loin :

https://www.authot.com/fr/2021/06/03/le-surtitrage-a-lopera/

https://books.google.fr/books?id=ilGxDwAAQBAJ&pg=PA163&lpg=PA163&dq=logiciel+torticoli+payant+ou+gratuit&source=bl&ots=2eFcPazOaq&sig=ACfU3U3ucmpcVFpT2W0ogVU1IswVrMie4Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjTyvGbzs30AhUp4YUKHfX6D9UQ6AF6BAgKEAM#v=onepage&q=logiciel%20torticoli%20payant%20ou%20gratuit&f=false

https://journals.openedition.org/traduire/2202

https://mastertsmlille.wordpress.com/2020/09/27/traduire-pour-le-theatre-le-surtitrage/

http://sflgc.org/acte/aude-ameille-traduire-pour-ne-pas-traduire-les-surtitres-a-lopera/

 

Qu’est-ce que la localisation dans le secteur vidéoludique ?

 

Laurie Barbassat, Master TPS Promo 2021-2023

 

Tout d’abord, quelle est la différence entre traduction et localisation ?

La traduction consiste à transformer un texte écrit dans une langue en un texte équivalent dans une autre langue. La localisation, quant à elle, est une étape qui suit la traduction et qui consiste à adapter un produit ou un service à un marché spécifique. Cela peut inclure la traduction du contenu, mais cela va au-delà et inclut également la mise en forme du contenu pour qu’il convienne à la culture, aux pratiques commerciales et aux préférences du marché cible. La localisation en jeu vidéo est importante car elle permet de s’assurer que le jeu sera bien reçu par les joueurs du marché cible et qu’il aura du succès sur ce marché.

Quelles sont les difficultés à localiser un jeu vidéo ?

On compte 6 difficultés principales liées à la localisation en jeu vidéo :

  1. La traduction du contenu peut être complexe, car elle doit être fidèle à l’esprit du jeu tout en étant naturelle et fluide dans la langue cible. Cela peut être particulièrement difficile lorsque le contenu comprend des jeux de mots ou des références culturelles qui ne se traduisent pas facilement.
  2. La localisation peut nécessiter des changements au niveau du contenu du jeu pour s’adapter à la culture et aux préférences du marché cible. Par exemple, certains éléments du jeu pourraient être considérés comme offensants ou inappropriés dans certains pays et devront être modifiés en conséquence. Ce sera donc au localisateur de prendre en compte ces contraintes et de jouer autour, tout en dialoguant avec l’équipe du jeu vidéo et, si nécessaire, en censurant certaines données.
  3. C’est une technique coûteuse et qui peut prendre du temps, surtout si le jeu doit être traduit dans de nombreuses langues et adapté à de nombreux marchés cibles différents.
  4. La localisation peut être compliquée par la taille et la complexité du jeu, ainsi que par le fait qu’il peut il y avoir de nombreux intervenants impliqués dans le processus de localisation, tels que les traducteurs, les réviseurs, les testeurs et les développeurs de jeux.
  5. La traduction doit être adaptée à la longueur du texte dans la langue cible. Dans certains cas, il peut être nécessaire de modifier la mise en page du jeu pour s’adapter à la longueur du texte traduit, afin que le jeu reste esthétiquement agréable et facile à lire pour les joueurs, mais souvent les traducteurs n’ont pas accès aux information contextuelles ni au jeu lui-même et auront des fichiers de type tableur ou des captures d’écrans. Certains développeurs vont mettre des notes pour certains segments de texte pour aider à la localisation, notamment lorsqu’il y a des informations « cachées » dans les textes (comme par exemple des informations importantes glissées dans la narration du jeu).
  6. Des difficultés liées à la gestion des versions et à la maintenance du jeu peuvent survenir une fois qu’il a été localisé, car il peut il y avoir plusieurs versions du jeu en circulation dans différentes langues et pour différents marchés.

Pour conclure, il ne faut pas oublier que la localisation est encore un procédé récent, étant donné que la mondialisation des médias vidéoludiques est encore jeune. La traduction dans ce domaine est passée d’une simple boîte de jeu et de ses instructions à une localisation quasi-totale avec prise en compte des textes écrits, des sous-titrages et des fois même du doublage. La localisation va bien au-delà d’une rigueur linguistique, le traducteur-localisateur doit faire preuve d’adaptabilité pour ajuster sa traduction et il doit garder en tête l’histoire du jeu pour que le joueur soit pleinement immergé dans l’imaginaire du jeu auquel il joue.

 

Pour aller plus loin :
https://jesuisungameur.com/2022/01/27/localisation-traduction-jeux-video-histoire-evolution/

https://www.youtube.com/watch?v=lLMw6gxrtZc

https://altraductions.com/blog/differences-entre-la-traduction-de-jeux-video-et-la-traduction-standard

https://mastertsmlille.wordpress.com/2017/09/10/les-grands-commandements-de-la-localisation-de-jeu-video/

https://mastertsmlille.wordpress.com/2018/07/01/la-localisation-de-jeux-video/

Dalin, Morgan. « Les spécificités de la localisation de jeux vidéo: aspects techniques et traductologiques. » ことばの世界: 愛知県立大学通訳翻訳研究所年報 9 (2017): 35-47.

 

L’intelligence artificielle au service de la traduction

Un atout pour les traducteurs ?

Par Laura Stoeckel, Master TPS promotion 2021-2023

Aujourd’hui, une multitude de langues sont parlées dans le monde et presque toutes les cultures interagissent entre elles. Cela fait de la traduction un moyen de communication qui devient de plus en plus essentiel et de ce fait, les traducteurs sont primordiaux. Cependant, ces dernières années, nous avons assisté à l’évolution de la traduction automatique. Les logiciels utilisés sont de plus en plus performants, et donc leur utilisation est fortement en hausse. Mais alors les traducteurs doivent-ils voir cette émergence comme une menace ?  La traduction automatique peut-elle remplacer la traduction humaine ?

Tout d’abord, un peu d’histoire…

La traduction automatique remonte aux années 1950. Nous sommes dans un contexte de guerre froide, les tensions géopolitiques sont présentes, c’est alors que le gouvernement des États-Unis souhaite créer une machine pour permettre d’espionner les Russes. Pour cette raison, le mathématicien Warren Weaver crée un moteur de traduction automatique qui se base sur le principe de « Language invariant », c’est-à-dire une traduction mot à mot. Donc à ses débuts, la traduction automatique était vraiment littérale. Pendant les décennies suivantes, des approches à base de règles ont été mises au point, et cela a conduit à des moteurs de traduction automatique plus compétents.

Les avantages apportés par la traduction automatique

Bien évidemment, son principal avantage est la rapidité. Les moteurs peuvent traduire des millions de mots en quelques secondes. De ce fait, ils proposent des traductions rentables, puisque le coût et le temps passé est moindre. De plus, la traduction automatique dispose d’un grand choix de langues, elle peut proposer des traductions pour plus de 100 langues. Tandis qu’à côté, la majorité des traducteurs peuvent traduire deux voire trois langues.

Les inconvénients de cette intelligence artificielle

Nous pouvons tout de même évoquer certaines limites de la traduction automatique. Certes, le gain de temps est indéniable, mais lorsque le moteur traduit, il n’a pas le contexte de la phrase, donc il peut fortement se tromper et ainsi, on peut arriver à des contresens. Même si cette intelligence artificielle ne fait que s’améliorer, elle ne pourra pas remplacer le traducteur. En effet, ce dernier a cette capacité à décrypter le sens d’un texte, à relever les sous-entendus, les jeux de mots…

D’autre part, le plus souvent, la traduction automatique rend un texte plus ou moins littéral et passe à côté de toutes les expressions idiomatiques ou les mots étrangers. Et donc ces intelligences artificielles sont vraiment en difficulté dans la retranscription de ces tournures de phrases. Enfin, ces moteurs deviennent beaucoup moins efficaces lorsque le texte source a un message plus complexe et plus long. Toute traduction automatique peut parfois nous donner de bons éléments, mais peut aussi traduire à côté de la plaque.

Ainsi, je pense qu’il ne faut pas voir la traduction automatique comme une menace pour la profession, mais plutôt pourquoi ne pas utiliser cet outil et faire valoir notre compétence de post-édition sur le marché ? De plus, la traduction automatique ne peut pas forcément remplacer la traduction humaine. Certes, ces moteurs peuvent être vus comme une menace du fait des avantages évoqués plus haut, mais sa qualité sera toujours inférieure à celle de l’humain et donc, afin de garantir une bonne traduction, l’intervention humaine demeure indispensable.

Et vous, utilisez-vous les moteurs de traduction automatique ? Ou préférez-vous vous tourner vers un traducteur expérimenté ?

 

Pour aller plus loin :

 

 

Sous-titrage ou doublage ?

 

Par Benjamin Tuffery, Master TPS promotion 2021-2023

Vaut-il mieux visionner du contenu en version française ou en version originale sous-titrée ? Voilà encore un débat sans fin dans lequel chaque parti possède des avantages, des inconvénients et des arguments pour se défendre.

Le choix de regarder des films et séries en VF ou VOST reste somme toute une question de goût et d’habitude. Il n’existe pas de bon ou de mauvais choix, cet article n’a d’ailleurs pas pour vocation de démontrer quelle version est la plus adaptée pour apprécier une oeuvre ou de vous influencer dans vos préférences de visionnage, mais plutôt d’expliquer le processus de traduction et ses contraintes nécessitant des choix pouvant amener le public à se questionner sur la qualité d’une traduction ou d’une adaptation lors du visionnage. Zoom sur ces deux disciplines de la traduction audiovisuelle.

Depuis l’arrivée d’internet et la facilité d’accès à tous types de contenus, nombreux sont ceux ayant pris goût à regarder les productions audiovisuelles en version originale.

Regarder un film, une série en version originale sous-titrée peut permettre une meilleure immersion. Cependant, bien que le sous-titrage a pour but de retranscrire au mieux ce qui est dit en VO, il existe certaines règles à son édition.

Des contraintes lexicales imposent à l’auteur de créer des phrases fluides afin de permettre une lecture naturelle pour que le public ne se concentre pas plus sur la lecture que sur le visionnage. Contrairement au doublage, les sous-titres doivent gommer tout marqueur d’oralité comme les « like » ou encore « you know ». Ils doivent aussi respecter les règles de grammaire française. Ainsi, un « Dunno » à l’oral ne sera pas écrit « J’sais pas », mais bien « Je ne sais pas », car, peu importe le degré d’intelligence du public, le cerveau humain lira plus facilement un texte respectant les règles de français.

À cela s’ajoute une limite au nombre de caractères maximum par seconde devant apparaitre à l’écran, en effet une personne lit en moyenne 14 à 15 caractères par secondes.

Ces exigences font du sous-titrage, un travail de concision. De ce fait, certains éléments peuvent-être omis et des raccourcis de sens peuvent être utilisés, sans doute vous êtes-vous déjà dit « Ce n’est pas du tout ce qui est dit. », eh bien ces éléments expliquent pourquoi c’est parfois le cas.

Les versions françaises, quant à elles, proposent une meilleure accessibilité, pour les enfants par exemple ou pour toute personne ne voulant pas s’embêter à lire de sous-titres. Certains tout simplement ne sont pas à l’aise avec les langues étrangères et préfèrent entendre des voix françaises.

La création de VF de productions audiovisuelles n’a pas à s’occuper des points de vigilance évoqués plus haut, ce qui offre une certaine liberté syntaxique. Pour autant, le travail d’auteur de doublage reste tout aussi pointilleux que celui d’auteur de sous-titres. Hormis la difficulté d’écriture que peuvent rencontrer tous les traducteurs, quel que soit leurs domaines de travail, l’auteur de doublage doit adapter son texte aux mouvements labiaux des acteurs ou encore à la vitesse à laquelle l’acteur parlera en langue originale. Ces contraintes imposent parfois de devoir trouver une traduction autre que celle qui serait la plus adaptée au niveau du sens et proposée en sous-titrage.

Une bonne VF – outre la qualité de la traduction – repose aussi sur le jeu d’acteur des comédiens de doublage qui eux aussi peuvent apporter leur pierre à l’édifice et proposer des idées de traduction ou des synonymes de la traduction déjà proposée par l’auteur de doublage.

Ces deux disciplines, malgré leurs différences, ont la même mission : présenter au spectateur une traduction fluide et naturelle pour contribuer à la bonne immersion de celui-ci et tout comme en traduction littéraire, rendre au mieux le style de l’auteur.

Aujourd’hui, avec les plateformes de vidéos à la demande ou la possibilité de regarder un film en VOST ou VF – que ce soit au cinéma ou à la télévision – profitons de pouvoir choisir entre une version ou l’autre selon nos préférences tout en respectant le travail fourni pour traduire ces productions.

 

Pour aller plus loin :

Jean-Paul Aubert, Marc Marti, U. de Nice : Quelques conseils pour le sous-titrage

Parlons VF : Interview Donald Reignoux

Brigitte Lecordier : Les auteurs de VF, Hier et aujourd’hui

Le sous-titrage et le doublage au cinéma, entretien avec Maï Boiron – JournalsOpenEdition

En quoi consiste le doublage et son importance en marketing – 1min30.com

Être traducteur audiovisuel – ATAA

La traduction dans le sport

Par Gabrielle Robin, Master TPS, promotion 2021-2023

Le sport. Tout le monde est familier avec ce terme, mais également avec la discipline en tant que telle. Qu’on soit passionné ou non par le sport, nous nous sommes tous retrouvés un jour à l’école, face à deux capitaines d’équipe, la boule au ventre à l’idée d’être choisi en dernier.

Mais quelles sont les origines du sport ? “Quel lien avec la traduction ?”, me demanderez-vous. Soyez patients.

Il faut savoir que le terme “sport” est en réalité issu de l’ancien Français “desport” qui faisait référence au divertissement ainsi qu’au plaisir physique ou de l’esprit. Au XIVe siècle, ce mot fut très vite exporté en Angleterre et, au fil des siècles, il s’est transformé en “disport” puis en “sport”.

Aujourd’hui, il va sans dire que les Etats-Unis exercent une influence majeure dans le milieu sportif, ce qui donne lieu à une évolution terminologique de plus en plus importante dans le domaine de la traduction.

Pour illustrer ce phénomène, parlons par exemple de la course à pied, un sport qui s’est démocratisé aux Etats-Unis. Aujourd’hui et depuis maintenant des années, les Français sont nombreux à s’y être initié. Venons-en au but : la place des anglicismes dans la traduction à la suite de cette influence états-unienne.

En 2014, la Fédération Française d’Athlétisme a réalisé une étude selon laquelle 9,5 millions de personnes déclaraient pratiquer la course à pied. En parallèle, les revues et les magazines français spécialisés dans le sport se sont multipliés, et beaucoup d’entre eux possèdent le terme run dans leur titre : Runner’s World, Running Attitude, Run-Sport, etc. Vous l’aurez compris, on ne parle quasiment pas de course à pied, mais bien de running. Ce n’est évidemment pas le seul terme concerné puisqu’on parle également d’aller faire un jogging, terme une nouvelle fois apparu aux Etats-Unis puisque c’est là-bas qu’a eu lieu le premier marathon – à New-York, en 1970.

La course à pied n’est pas le seul sport concerné, le CrossFit est également un très bon exemple puisqu’il utilise bon nombre d’anglicismes, notamment pour le matériel (kettlebell), le contenu des séances (skills, metcons) ou même un exercice, connu maintenant de tous : les squats.

Les exemples de sports touchés par les anglicismes sont nombreux, il serait donc difficile de tous les citer. Il est tout de même intéressant de parler de ces sports « vintage » qui reviennent à la mode, à la seule différence que leur nom a changé et que l’on ne parle par exemple plus de patin à roulettes mais de roller. La planche à voile, quant à elle, se transforme progressivement en windsurf.

L’objectif de cet article n’est pas de dénoncer l’influence massive exercée par les Etats-Unis dans le milieu du sport, mais bien de penser à la place d’un traducteur de presse sportive et de se demander : doit-il évoluer avec son temps et utiliser des anglicismes ou doit-il essayer de les traduire ?

Il est certain qu’un traducteur qui exerce le domaine, en l’occurrence le sport, qu’il traduit et qui connaît l’histoire du sport en question, aura plus de facilités à effectuer ce travail de réécriture et d’adaptation qu’est la traduction sportive. Le choix d’utiliser des anglicismes ou d’essayer de les traduire lui revient, mais une question, que je vous pose aujourd’hui, persiste tout de même :

Si l’on se met à la place d’une personne qui commence l’apprentissage d’un sport et ne connaît aucun terme, ne serait-il pas plus facile pour elle de lire des articles dans lesquels tout est traduit ?

 

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le sujet, voici les références qui m’ont moi-même aidée dans la rédaction de cet article :

Analogie entre la traductologie et la philosophie

Par Emilie Kröger, Master TPS, promotion 2021-2023

Férue des sujets complexes et des pistes interprétatives à creuser, je vous propose aujourd’hui d’établir un lien entre ces deux disciplines qui, au premier abord, ne semblent (presque) rien avoir en commun : la philosophie et la traductologie.

D’un côté, nous avons la philosophie, une discipline vieille comme le monde. On a du mal à dater la naissance de cette discipline, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle a plus de 2000 ans. De l’autre, la traductologie n’existe que depuis le début des années 1960 (si on prend la discipline). Mais nous allons voir que, malgré leur grande différence d’âge, ces deux disciplines ont des points communs.

L’analogie entre traductologie et philosophie a d’ailleurs déjà été abordée lors du colloque « Traduction et Philosophie » à l’Université de Liège en 2017. Ce colloque avait comme objectif de « présenter les recherches les plus récentes sur les liens qui unissent philosophie et traduction ». Parmi les conférenciers invités, il y avait Barbara Cassin, philosophe et membre de l’Académie française, autrice de l’ouvrage « Éloge de la traduction – Compliquer l’universel » (2016) ou encore « Les Maisons de la sagesse – Traduire » (2021). Ce dernier a d’ailleurs fait l’objet – entre autres – d’un podcast publié en octobre 2021 par France Culture : « La traduction ou l’art de faire avec les différences ».

Ce colloque a traité la question de la traduction de la philosophie, mais l’aspect qui fait l’objet de ce billet est celui de la philosophie dans le processus de traduction et donc son influence dans la traductologie.

En effet, l’étude de la traductologie mène déjà à de nombreux questionnements, ce sont en quelques sortes les bases mêmes de cette discipline. Comme la philosophie, la traductologie soulève un certain nombre de problématiques auxquelles nous sommes confrontées lorsque nous traduisons.

En voici quelques-unes :

  • Traduire est-ce trahir ?[1]
  • Qu’est-ce qu’une traduction éthique ?
  • Comment traduire « l’intraduisible » ?
  • Que signifie rester « fidèle » à un texte ?
  • Peut-on réellement parler de « perte » et de « profit » en traduction ?
  • La traduction constitue-t-elle un produit social ?
  • La traduction est-elle une activité idéologique ?

Toutes ces questions font ou ont fait l’objet de théories de la traduction. En étudiant ces différents traductologues, on se rend compte que ces théories qui en émanent sont le fruit de leur propre réflexion et leur propre avis et que finalement, la traductologie est aussi sujet au débat que la philosophie et ses différents thèmes. Les concepts sont donc variés, on remarque une émergence de plusieurs écoles et points de vue, comme le fait d’être sourcier ou cibliste, qui est finalement comme opposer hédonisme et épicurisme.

C’est à travers la simple lecture de ces questionnements qu’on se rend compte que le processus de réflexion en philosophie et en traduction sont très similaires. De plus, des questions d’ordre philosophique viennent également se poser en traductologie, telles que les grands thèmes de l’éthique et de la morale.

En somme, nous pouvons voir que les différents traductologues ont établis des théories différentes, en adoptant des points de vue différents, ce qui peut nous mener à la réflexion suivante : n’existe-t-il finalement pas autant de théories de la traduction qu’il existe de traducteurs ou même de personnes qui simplement réfléchissent à ces problématiques ?

 

Bibliographie/Recommandations :

Berman, A. (1995, 23 février). L’Épreuve de l’étranger : Culture et traduction dans l’Allemagne romantique (Tel, 252) (French Edition). GALLIMARD.

Boisseau, Maryvonne. « De la traductologie aux sciences de la traduction ? », Revue française de linguistique appliquée, vol. xxi, no. 1, 2016, pp. 9-21.

Hatim, B. & Mason, I. (1996, 12 décembre). The Translator As Communicator (Wiley Series in Solving Large-Scale) (1re éd.). Routledge.

Laaksonen, J. & Koskinen, K., 2020. “Venuti and the Ethics of Difference”. In Koskinen, K. & Pokorn, N. K. (eds.): The Routledge Handbook of Translation and Ethics. Routledge, 16 p. (Routledge Handbooks in Translation and Interpreting Studies).

Ladmiral J. R. Sourcier ou cibliste. Les profondeurs de la traduction, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Traductologiques », 2014 ; 2e éd. revue, 2016.

Meschonnic, H. (2007, 26 octobre). Éthique et politique du traduire (Verdier).

Podcast France Culture « La traduction ou l’art de faire avec les différences » avec Barbara Cassin, 9 octobre 2021 : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/science-en-questions/la-traduction-ou-l-art-de-faire-avec-les-differences-5536928

Présentation du colloque « Traduction et Philosophie » à l’Université de Liège avec Barbara Cassin, Marc de Launay & Lisa Foran, 12 avril 2016 : https://www.fabula.org/actualites/73629/colloque-traduction-et-philosophie-5-7-mai-2017.html

Tatiana Milliaressi. La Traduction: philosophie, linguistique et didactique. Villeneuve d’Ascq, France. Editions du Conseil Scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 444 p., 2009, UL3 Travaux et recherches, 978-2-84467-112-7.

Vezin, François. « Philosophie et pédagogie de la traduction », Revue philosophique de la France et de l’étranger, vol. 130, no. 4, 2005, pp. 489-501.

[1] « traduttore, traditore » (adage italien), https://lactualite.com/societe/traduire-cest-trahir/

 

« Ah t’es traducteur, t’es bilingue alors ? »

junior

Par Juliette Charlos, Master TPS, promotion 2020-2022

Quand vient l’heure de se présenter et d’annoncer (fièrement ?) quelle profession nous exerçons, ou le métier auquel nous nous préparons, nous sommes confrontés à de multiples réactions. Dans l’imaginaire de certains, le traducteur est une sorte d’ermite terré dans son bureau toutes les nuits à traduire des livres, celui qui traduit les joueurs étrangers à la télé, pendant les interviews d’après-match ou bien encore un écrivain raté… Mais l’idée reçue la plus répandue est probablement celle que les traducteurs sont des bilingues, voire des trilingues. Alors, vrai ou faux ?

Posons-nous tout d’abord la question à l’envers : est-ce que tous les bilingues sont des traducteurs ? La réponse est unanime, n’est-ce pas ? Alors demandons-nous si tous les bilingues peuvent être traducteurs et s’il faut être bilingue pour devenir traducteur.

Si la traduction consiste bel et bien à passer d’une langue à une autre, l’acte traductologique peut s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît. Tout d’abord, dans le cas de la traduction technique, nous pouvons être amenés à traduire des documents sur des sujets très spécialisés que l’on ne maîtrise pas, même dans notre langue maternelle. Prenons un exemple : fraiseuse à commande numérique. Bilingue ou non, face à cette situation, le traducteur va devoir se documenter sur le domaine industriel pour savoir, premièrement, à quoi fait référence ce terme, et deuxièmement, quel est son équivalent dans la langue cible. C’est là l’une des premières compétences que doit avoir un traducteur : savoir où et comment faire des recherches afin de trouver LA bonne traduction, si tant est qu’il en existe une.

Une autre des compétences indispensables pour être traducteur est l’excellente maîtrise de la langue dans laquelle il traduit, généralement sa langue maternelle. Cependant, il est rare d’avoir une maîtrise équivalente de deux langues, à l’oral et à l’écrit. Très souvent chez les personnes bilingues l’une des deux langues est dominante ; il y a un déséquilibre étant donné que l’une et l’autre vont être utilisées dans des domaines ou des activités différents. Prenons l’exemple d’une famille anglaise expatriée en France, constituée de deux jeunes enfants qui commencent tout juste à parler et de deux parents qui ne communiquent qu’en anglais au sein du foyer. Les enfants vont naturellement apprendre à parler en anglais chez eux mais vont en même temps apprendre à parler français à l’école. Au cours de leur scolarité, les sujets qu’ils aborderont, en français, seront probablement bien différents de ceux qu’ils aborderont avec leurs parents, en anglais. Alors, tout un vocabulaire spécifique va se développer. Ces enfants pourraient être à terme capables d’animer des conférences en français sur des sujets très poussés dans des domaines tels que l’ingénierie, la médecine, la technologie, mais ils ne seront pas nécessairement capables de le faire dans leur langue maternelle.

Par ailleurs, le métier de traducteur mobilise des compétences autres que linguistiques telles que la maîtrise des outils informatiques qui font aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien, notamment les logiciels de TAO (traduction assistée par ordinateur). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il existe de nombreuses formations pour devenir traducteur qui n’auraient donc pas lieu d’être s’il suffisait d’être bilingue.

Alors bilingue ou non, si vous maîtrisez parfaitement votre langue maternelle, si vous êtes curieux et aimez vous documenter sur divers sujets et que vous n’êtes pas allergiques aux nouvelles technologies, le métier de traducteur est peut-être fait pour vous.

 

Pour aller plus loin :

http://thebilingualadvantage.com/quest-ce-que-le-bilinguisme/

https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2014-3-page-182.htm(rapport bilinguisme et double personnalité)

La traduction médicale, une discipline passée sous scalpel

trad med

Par Margot Degardin, Master TPS, promotion 2020-2022

La médecine, bien que particulièrement attrayante, est avant tout un domaine extrêmement vaste et précis. C’est pourquoi, il est primordial que la traduction d’un document médical soit entre les mains d’un traducteur professionnel. La fiabilité de ce type de traduction est vitale et l’erreur n’y a pas sa place.

La traduction médicale, c’est quoi ?

La traduction médicale fait référence à la traduction de documents médicaux mais, plus précisément, aux documents provenant du domaine de la santé (biologique, pharmaceutique, paramédical, etc.). Les documents qui composent la traduction médicale sont donc aussi nombreux que variés : dossiers médicaux, rapports de test, études pharmacologiques, articles de revues médicales, protocoles d’essai clinique, formulaires de consentement éclairé, notices d’utilisation, brevets, fiches techniques de matériel médical, etc. Tous ces documents rassemblent une terminologie conséquente devant être confiée à des traducteurs spécialistes du domaine.

Quel est le profil d’un bon traducteur médical ?

La traduction médicale est une spécialisation de la traduction présentant une des plus grandes responsabilités. Un traducteur médical doit savoir faire preuve de minutie et doit être particulièrement rigoureux. De plus, celui-ci se doit d’avoir une excellente connaissance du vocabulaire spécialisé du domaine dans lequel il exerce. En effet, une seule erreur de terminologie peut s’avérer, dans certains cas, fatale ou avoir de graves répercussions. La délicatesse et l’importance des documents à traduire sont à prendre avec beaucoup de sérieux. Les confusions n’ont pas leur place dans ce domaine. Enfin, un bon traducteur médical, comme tout traducteur, doit également être en capacité de s’adapter à son public. Effectivement, la terminologie choisie ne sera pas la même entre la traduction d’un diagnostic rédigé par un professionnel pour un professionnel et la traduction d’un diagnostic rédigé par un professionnel pour un patient.

 

 

Quels sont les points de vigilance en traduction médicale ?

La médecine est un domaine enclin aux changements. En effet, le monde de la santé est en constante évolution et le traducteur médical doit, régulièrement, se tenir au courant des avancées du secteur car nouvelle technologie rime forcément avec nouvelle terminologie. De plus, bien que l’on puisse penser le contraire, les nomenclatures de ce domaine changent parfois elles aussi. Par exemple, depuis 1998, c’est la Terminologia Anatomica qui représente la terminologie officielle concernant l’anatomie humaine. Il existe une traduction officielle de cet ouvrage en anglais mais très peu de langues ont eu cette chance. C’est pourquoi, certaines professionnels se réfèrent encore à la Nomina Anatomica, une classification anatomique plus ancienne. Il est également nécessaire de préciser que la traduction médicale est une discipline où se cachent de nombreux faux-amis au niveau de la terminologie.

En voici quelques exemples :

  • Condition ne se traduit pas par « condition » en français, mais plutôt par « état ».

 

  • Drug ne se traduit pas forcément par « drogue » en français, mais par « médicament » dans un contexte médical.

 

Pour conclure, un traducteur spécialisé dans le domaine médical doit allier rigueur, minutie et sérieux afin d’aider les patients et de contribuer à l’avancée perpétuelle de la médecine en général.

 

Bibliographie :

https://www.tremedica.org/wp-content/uploads/n38-tradyterm_Vandaele-GingrasH.pdf

 

Traduire les langues c’est traduire les cultures

 

Par Camille Grondin, Master TPS, promotion 2020-2022

La traduction est le passage d’un texte d’une langue source vers une langue cible. Cela signifie, par définition même, que la traduction est une pratique interculturelle et que le traducteur est l’agent, le médiateur, garant de cette passerelle. Dans un monde cosmopolite et interconnecté, tout traducteur doit avoir conscience des enjeux culturels qui entourent son travail. La langue étant un produit social, elle est donc intrinsèquement liée à la culture.

Cependant, qu’est-ce que la culture ? Derrière ce mot aux apparences simples se cache un concept plus complexe. La culture est un ensemble disparate d’héritages et de traditions, de mentalités et de visions du monde, de représentations collectives, c’est-à-dire d’images d’autres cultures qu’un peuple se construit sur la base de ses propres symboles.

La culture dans laquelle nous avons évolué est tellement induite que nous ne nous rendons plus compte qu’elle fait partie de notre identité. Les relations entre culture langue et sociétés sont complexes. Consciemment ou non, une langue nous apprend beaucoup sur le mode de fonctionnement et de pensée de la société qui l’utilise.

Le rôle du traducteur est de transmettre ce fonctionnement d’une langue vers une autre. En quelque sorte, le traducteur, en plus de son rôle de médiateur, possède un rôle de décodeur. En effet, c’est lui qui doit lire entre les lignes afin de comprendre l’essence du texte qu’il traduit pour le restituer de la meilleure manière possible.

Néanmoins, cette tâche est souvent la plus compliquée. Quid de l’implicite de certaines langues, quid des jeux de mots, des néologismes et de toute création originale faites par les locuteurs de la langue (exemple du verlan en français). Aucune langue n’est le calque parfait d’une autre, c’est pourquoi la traduction est une vraie discipline.

Outre le fait que la traduction est le passage d’une langue à une autre, elle est aussi et surtout le rapprochement de deux cultures. Cependant, rapprocher deux langues avec des cultures plus ou moins éloignées n’est pas évident et n’exclut pas les interférences linguistiques et culturelles caractéristiques du métier de traducteur. S’il est parfois intéressant que la traduction adapte un texte de telle sorte que le lecteur puisse le comprendre, il ne faudrait pas non plus annihiler toute trace d’étrangeté qui ferait perdre tout son sens au texte source. À nous de trouver la balance entre ces deux réalités.

Je finirais ce petit texte de réflexion en insistant sur le fait que la rencontre entre deux cultures (et donc entre deux langues), n’est pas toujours évidente et constitue souvent des points de frictions. C’est ce que nous dis d’ailleurs Geneviève ZARATE, spécialiste française de la didactique des langues et des cultures lorsqu’elle écrit : « Une communauté culturelle construit son identité sur la base d’un rapport de force avec l’autre, mettant en place, à travers la circulation d’implicites culturels, des moyens d’autant plus efficaces qu’ils sont discrets pour exclure ceux qui ne partagent pas ces implicites ». Ainsi, il en va du rôle du traducteur d’inclure et de partager la langue et la culture qu’il traduit au reste du monde.

 

Camille Grondin

Bibliographie :

 

https://journals.openedition.org/palimpsestes/1525

https://www.ediq.ulaval.ca/sites/ediq.ulaval.ca/files/uploads/CE2016_Vol.3_No.1_VF_En%20ligne.pdf#page=97

https://www.fabula.org/actualites/traduction-et-interculturalite_21636.php

https://bilis.com/blog/traduction-culture-constructive-interdependance/

 

Journée avec une traductrice aux multiples casquettes

 

Par Chloé Bujeau, Master TPS, promotion 2020-2022

En mai 2021, j’ai eu la chance de passer une journée avec une traductrice, Pia Gabrielle Edström Bourdeau. Cette journée était organisée en lien avec la Société française des traducteurs, afin de permettre aux étudiants en première année de master de découvrir un peu plus le monde de la traduction.

Pia m’a donc accueilli chez elle, à Nantes. Comme peuvent le laisser deviner son prénom et son nom de famille, Pia est d’origine suédoise, mais pas seulement. On peut pratiquement dire qu’elle a plusieurs nationalités puisqu’elle a vécu en Espagne, en France, en Suède et en Allemagne. Grâce à cette vie de globe-trotteuse, elle est capable de traduire depuis l’anglais, le suédois, le norvégien, l’allemand, l’espagnol, vers le suédois et le français. Ses études d’ingénieur, effectuées à Paris et à Stockholm, lui ont donné l’opportunité de travailler chez Renault en France ainsi que pour des fabricants industriels en Allemagne. Ses études et ses expériences professionnelles, ont donc permis à Pia de se mettre à son compte en devenant traductrice indépendante dans le domaine technique, en 2002.

Lorsque je suis arrivée devant chez elle, j’ai tout de suite été intriguée par l’imposant drapeau suédois qui flottait grâce au vent. La présence de ce drapeau n’était pas anodine. En plus d’être traductrice, Pia est consule de Suède à Nantes. Son rôle est donc de porter assistance à tous les ressortissants suédois vivant dans le nord-ouest de la France principalement. J’ai été agréablement surprise puisque le monde de la diplomatie m’a toujours intéressée et c’était donc l’occasion d’en apprendre plus sur le fonctionnement d’un Consulat et sur la fonction de consul. Malgré ces deux activités très prenantes, Pia trouve aussi le temps de jouer du violon. J’ai pu apprécier ses talents de musicienne durant une rencontre qu’elle, ainsi que quatre autres traductrices, toutes membres de la SFT, avaient organisée pour se rencontrer entre professionnelles et casser la potentielle solitude du métier de traductrice indépendante. Une autre des traductrices jouait aussi d’un instrument. Les deux mélomanes nous avaient donc préparé un petit concert. J’ai été ravie de pouvoir rencontrer d’autres traductrices qui avaient chacune une spécialité différente et de pouvoir discuter avec une d’entre elles, qui a aussi fait ses études de traduction à l’Université Catholique de l’Ouest, 20 ans plus tôt.

Passer la journée avec Pia m’aura permis de me rendre compte de ce qu’être traducteur indépendant impliquait, de comment il était possible de travailler et de gérer son temps. J’ai aussi pu en savoir plus sur les parcours d’autres traductrices, qui étaient tous différents. En bref, cette journée n’aura pas seulement été un aperçu du monde de la traduction indépendante, mais aussi une découverte d’une multitude d’autres choses auxquelles je ne m’attendais pas. Le fait que les étudiants en première année de master puissent passer une journée en immersion est, selon moi, très bénéfique, car cela permet de rendre les choses plus concrètes, après presque une année de formation. Je recommande donc fortement, aux étudiants et futurs étudiant, d’accepter de participer à cette journée très enrichissante !

 

Pour en savoir plus sur Pia Gabrielle Edström Bourdeau ou la contacter :

https://fr.linkedin.com/in/pia-gabrielle-edström-bourdeau-7459481

https://www.sft.fr/fr/prestataire/edstrom-bourdeau-pia-gabriella

 

Les anglicismes : bonne ou mauvaise idée ?

 

Par Alan Aubert, Master TPS, promotion 2020-2022

AA

Casting, blacklister, brainstorming. Le point commun de tous ces mots : ce sont des termes issus de l’anglais. Leur autre point commun : ils figurent dans le dictionnaire français. Malgré tout, ils peuvent être remplacés par des traductions plus ou moins efficaces : « audition », « inscrire sur liste noire », « remue-méninges ». Un choix entre anglicisme et français s’impose alors.

Des arguments existent dans les deux sens : la langue de la France est le français, c’est par ailleurs ce qu’indique la loi : « le français est la langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics ». L’Académie française s’y mêle aussi, en toute légitimité, et se permet de trancher entre anglicisme et français. En outre, nous retrouvons sur son site Internet une sous-catégorie spéciale « Néologismes et anglicismes », faisant elle-même partie de la catégorie « Dire, Ne pas dire ». Par exemple, ne dites plus « ce soir, je vais chiller », dites « ce soir, je vais me détendre » !

Si l’on se met du point de vue des puristes, il faut admettre que le français est une langue extrêmement riche, de telle manière qu’il serait en effet dommage de s’en priver pour désigner un concept. Mais le fait est que le français, comme toute langue, évolue au fil du temps. Ce sont les locuteurs qui la façonnent, qui établissent les usages. Ainsi, les anglicismes, bien qu’ils puissent se révéler frustrants pour ces puristes, sont employés par une grande partie des locuteurs. Ils font bel et bien partie de notre langue.

Et le traducteur dans tout ça ? Comment doit-il procéder en rencontrant ces mots dans un texte anglais ? En réalité, il peut faire comme bon lui semble, mais il ne doit pas oublier qu’il ne traduit pas pour lui mais pour un public donné. S’il souhaite se faire comprendre et rendre son texte accessible, il doit obligatoirement prendre en compte la façon de parler des locuteurs.

En revanche, il n’est absolument pas question d’abandonner le français ni d’obliger l’utilisation des anglicismes, mais simplement d’accepter l’idée que l’anglais (ou n’importe quelle autre langue) s’intègre dans notre langage. Nous pensons qu’il ne faut pas l’interdire ni le rejeter, comme certaines personnes pourraient le penser. Bien au contraire, nous pouvons en profiter pour élargir notre vocabulaire et notre culture. Le traducteur est l’un des garants de cette « mission », car il est l’un des garants de notre langue.

Enfin, ces mêmes personnes qui dénoncent les anglicismes utilisent elles-mêmes des mots issus d’autres langues qui se sont fait une place dans nos discussions : café (de l’arabe), moustache (de l’italien), etc. Pourquoi ces mots seraient-ils plus légitimes que d’autres ?

Et vous, que pensez-vous de l’arrivée de tous ces nouveaux mots dans la langue française ?

Pour en savoir plus :

https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000005616341/

https://www.csa.fr/Proteger/Medias-audiovisuels-et-Francophonie/Anglicismes-les-equivalents-francais-recommandes

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037460897

https://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire/neologismes-anglicismes

https://dictionnaire.lerobert.com/dis-moi-robert/raconte-moi-robert/mots-epoque/sommes-nous-envahis-par-les-anglicismes.html

 

 

 LE MÉTIER DE CHEF DE PROJET EN TRADUCTION, C’EST QUOI ?

Par Jade Roy, Master TPS, promotion 2020-2022

chef

Définition :

Tout d’abord, il faut savoir que le #chef de projet est l’interface et le médiateur entre les différents intervenants d’un projet. Il est responsable du bon déroulement de ce dernier.

Typiquement, un chef de projet en traduction est issu du milieu de la traduction. Il peut être traducteur, éditeur ou relecteur, ingénieur… Tout simplement, une personne qui a fait ses premiers pas dans le milieu de la #traduction.

Le plus important dans le travail d’un chef de projet, c’est la communication avec le client final. Le client qui confie la traduction d’un projet à une agence de traduction le fait pour deux principales raisons : la première, parce qu’il n’a pas les ressources en interne, la seconde, parce qu’il n’a pas le savoir-faire en interne. Alors, ce savoir-faire, dont il ignore tout dans la plupart des cas, il suppose que son interlocuteur le possède.

Les compétences requises pour être chef de projet :

Pour réussir dans ce métier, il faut être sociable et aimer le contact avec les autres. Non seulement, il faut parler régulièrement avec l’équipe de traducteurs, mais aussi avec le client pour écouter ses besoins et le rassurer sur le déroulement de son projet.

D’autre part, il faut être flexible et réactif par rapport aux différentes sollicitations et requêtes. Donc, avoir l’aptitude à travailler en groupe, gérer le stress et comprendre les gens sans les contacter physiquement est indispensable.

Les principales tâches d’un chef de projet :

  • Analyser la demande du client et envoyer un devis personnalisé
  • Établir un planning du projet : intervenants, date de livraison et coûts
  • Communiquer en continu avec le client et l’équipe de traducteurs
  • Choisir le traducteur approprié selon la langue et le domaine traité
  • Collecter les documents sources et si nécessaire, convertir le fichier source au format approprié
  • Superviser le bon déroulement de la traduction qui peut parfois impliquer la mise en page ou l’insertion de textes dans les images
  • Assurer le contrôle qualité en confiant le document traduit au réviseur
  • Valider et livrer le travail effectué par e-mail
  • Traiter les réclamations ou les éventuels problèmes de non-satisfaction, le cas échéant. Pour ce faire, la diplomatie et l’écoute doivent également s’ajouter aux qualités requises chez le chef de projet.

En bref, si…

  • Vous avez un Bac+5, une expérience de la gestion de projets multilingues en agence,
  • Vous pratiquez deux langues étrangères,
  • Vous savez utiliser les outils de TAO (SDL Trados…), Word, Excel,
  • Vous avez le sens des relations clients,
  • Vous résistez au stress,
  • Vous aimez le travail en équipe,
  • Vous êtes organisé, rigoureux, responsable, perfectionniste, polyvalent, motivé, flexible, dynamique,
  • Vous savez prendre rapidement des décisions et résoudre des problèmes,
  • Vous savez gérer une équipe, planifier et respecter des délais,

…vous pourriez correspondre à ce #métier !

Et vous, par quelles qualités, dont doit disposer un chef de projet, êtes-vous concerné ? N’hésitez pas à répondre en commentaires !

 

 Pour en savoir plus :

Devenir Chef de projets en traduction – Fiche métier Chargé de projets en traduction | ESTRI

▷ Le métier du chef de projet en traduction (translatonline.com)

Le métier de chef de projets chez Anyword, agence de traduction

Vis ma vie de chef de projet de traduction | BeTranslated

Fiche métier Assistant (e) Chef de Projet Traduction | LeGuideDesMétiers (leguidedesmetiers.fr)